Retour sur le Séminaire international de restitution des projets de recherche APPRENDRE-ELAN « Enseignements-apprentissages bilingues »

 

Co-organisé par les programmes ELAN de l’Institut de la Francophonie pour l’éducation et la formation (IFEF) et APPRENDRE de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) du 27 au 29 juin 2022, à Dakar, Sénégal.

 

Le Séminaire international a réuni plus de 80 acteurs de l’éducation venant du Bénin, du Burkina Faso, du Burundi, du Cameroun, du Canada, de la Côte d'Ivoire, de la France, du Sénégal, du Togo, de la Tunisie et de la Suisse autour d’une préoccupation commune : 

Comment mettre en place un bi-plurilinguisme scolaire réussi et pérenne en Afrique subsaharienne francophone ?

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En vue d’engager le dialogue sur cette question, le séminaire a été ouvert par un discours  de Mme Khady Diop Mbodji, Secrétaire générale du Ministère de l’Éducation nationale du Sénégal, suivi des allocutions de Mme Mona Laroussi, Directrice de l’IFEF, et Mme Ouidad Tebba, Directrice régionale Afrique de l’Ouest de l’AUF.

 


Favoriser une synergie entre le monde de la recherche et le monde institutionnel


La première journée a été consacrée à la restitution de six projets de recherche-action sur l’enseignement bi-plurilingue ayant bénéficié de l’accompagnement scientifique et financier des programmes ELAN et APPRENDRE, entre 2020 et 2021.  

 

Menées au Bénin, au Burkina Faso, au Burundi, au Cameroun, et au Togo, ces recherches permettent de comparer des cas différents, de par la diversité des contextes éducatifs représentés, les politiques linguistiques en place, et les différents niveaux de multilinguisme des pays. 
 

Après l’inauguration du séminaire, des représentants des six équipes de recherches ont donc présenté les étapes et les résultats de leurs travaux, afin d’analyser leurs exploitations possibles par les systèmes éducatifs.

 

Pour revoir chaque présentation et lire l’intégralité de leur recherche, cliquez ici :
 

  1. « Représentations des langues nationales / français et leurs contacts chez les élèves / les enseignants et leurs implications dans des apprentissages bilingues innovants au Bénin » 
  1. « Représentations sociales des langues enseignées (nationales et officielles) et incidences sur l’acquisition et le transfert de compétences interlangues : cas du Cameroun » 
  1. « Recherche sur les pratiques enseignantes dans les écoles primaires bilingues du Burkina Faso » 
  1. « État des lieux sur l’éducation bilingue français/langues nationales au Togo, une recherche prospective pour un succès de l’enseignement bilingue langues africaines/français au cours primaire » 
  1. « Enseignement-apprentissage bi-plurilingue au Burundi » 
  1. « Amélioration de l’enseignement/apprentissage des mathématiques dans les écoles bilingues moore-français et fulfulde-français du Burkina Faso » 

 

Tous les projets ont été commentés et mis en perspective par les participants, notamment par les Secrétaires généraux des Ministères de l’Éducation présents : 

 

  • M. Alain Hounleyi, Secrétaire Général du Ministère des enseignements  maternel et primaire du Bénin 
  • M. Adanyossi Coffi André, Secrétaire Général du ministère des Enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelledu Bénin 
  • Pr Frédéric Bangirinama, Secrétaire Permanent du Ministère de l’Education nationale et de la recherche scientifique du Burundi 
  • M. Daniel Oyono Adams, Secrétaire Général du Ministère de l’Education de base du Cameroun 
  • Pr. Fabien Nkot, Secrétaire Général du Ministère des Enseignements secondaires au Cameroun 
  • M. Emmanuel   Barakpété Ahiya , Secrétaire Général du ministère des enseignements primaire secondaire technique et de l'artisanat du Togo 
  • M. Issaka Simpore, représentant du Secrétaire Général du ministère de  l'Education Nationale, de l'Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales du Burkina Faso 
  • M. Sylvestre Keteguia, Directeur de l’enseignement primaire et secondaire du ministère de l’éducation de la République centrafricaine  

 

Plusieurs thématiques ont occupé une place centrale dans les échanges : les représentations des langues (L1/L2) chez les acteurs concernés, l’évaluation des compétences linguistiques des élèves, l’observation des pratiques enseignantes et le niveau d’appropriation de la didactique du bilinguisme, l’enseignement des disciplines non linguistiques en L1 et en français et le processus de transfert de compétences entre les deux langues, ainsi que les difficultés que posent la mise en œuvre d’une éducation bilingue. 
 

Les participants se sont accordés sur trois points majeurs, à savoir la nécessité de rapprocher les chercheurs et les institutionnels, d’intégrer les praticiens dans les équipes de recherche et de traduire les résultats de la recherche en termes d’actions concrètes à engager.

 


S’engager pour l’amélioration de l’enseignement-apprentissage bilingue des fondamentaux du primaire et du secondaire  


La deuxième et la troisième journée du séminaire ont été consacrées à cinq tables rondes, et aux présentations de quatre partenaires : la CONFEMEN, l’UNESCO-BIE, l’ONG ARED, et l’UNICEF. 

 

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Revoir la table ronde n°1 « L’évaluation bilingue des acquis scolaires » 

 

Interpellés sur les modalités institutionnelles et pédagogiques favorisant une évaluation portant sur les compétences bilingues, les intervenants ont traité, entre autres, de l’évaluation dans les disciplines non linguistiques, et de l’institutionnalisation de l’évaluation certificative en L2. 
 

Lors de cette première table ronde, M. Guy Roger Kaba, conseiller technique à la CONFEMEN, a donné un aperçu sur les évaluations et la prise en compte des compétences bilingues dans les enquêtes PASEC. 


Revoir la table ronde n°2 « Les contenus de la formation initiale et continue en matière d’enseignement bilingue » 

 

Qui sont les acteurs à former ? Comment mettre en place des formations ? 

Au cœur des débats : les dispositifs institutionnels et pédagogiques, la nécessité d’un décloisonnement des formations et l’articulation formations/suivi de proximité. 

 

Au cours de cette table ronde, M. Omar Thiam, spécialiste de programme à l’UNESCO-BIE a présenté les réformes curriculaires en cours dans les pays, ainsi que le Programme de Formation en Education Bilingue (ProFEB) que l’UNESCO a élaboré en collaboration avec le programme ELAN sous forme de modules destinés à la formation initiale des maîtres dans les pays subsahariens francophones. 


Revoir la table ronde n°3 « La gestion de l’hétérogénéité linguistique des classes » 

Les intervenants ont réfléchi sur la façon dont un enseignant peut gérer les langues de ses élèves, selon des démarches pédagogiques appropriées, garantissant une certaine équité dans la classe. 
 

Les réflexions se sont étendues sur les notions de langue majoritaire, langue du milieu, et langue de l’exposition langagière communautaire.  La question des variétés du français et leurs implications didactiques a également été évoquée. 
 

Au cours de cette table ronde, un témoignage de pratiques pédagogiques à l’épreuve de cette hétérogénéité a été présenté par M. Mamadou Amadou Ly, Directeur Général de l’ONG ARED. 

 

A la lumière des exemples donnés, des perspectives ont été mises en avant : mise en place d’une pédagogie différenciée, recours à une didactique de la variation et au tutorat, développement de capacités d’intercompréhension, de reformulation, etc. 


Revoir la présentation de la réforme bilingue au Sénégal 

 

La présentation de M. Cheikh Beye , inspecteur et agent de la Direction de l’enseignement élémentaire du Ministère de l’éducation nationale du Sénégal, a fait état du cas de la réforme bilingue au Sénégal, avec un cadre politique et institutionnel en amont, un modèle bilingue consensuel, harmonisé, et contextualisé, et soutenu par des outils didactiques. 


Revoir la présentation par l’UNICEF-Sénégal d’une «étude multi-pays sur le multilinguisme et le bi-plurilinguisme scolaire au Burkina Faso, Mali et Niger» 

 

M. Haritz Goya Lujambio, spécialiste de programme à l’UNICEF, et M. Philippe Humeau, consultant à l’UNICEF, ont présenté une étude diagnostique d’introduction du bilinguisme dans trois pays, qui donne un aperçu sur les modalités institutionnelles, pédagogiques et logistiques d’actions bilingues. 
 


Revoir la table ronde n°4 « Qu’est-ce qu’une recherche action en matière de bilinguisme scolaire, et comment les pouvoirs publics peuvent-ils y contribuer ? » 

 

Cette table ronde a situé la recherche action dans ses spécificités, ses contours, ses modalités et outils. Elle a aussi permis d’esquisser les rôles des acteurs concernés (notamment l’enseignant qui applique l’innovation). Les retours des représentants des ministères ont fait émerger les attentes institutionnelles quant à l’initiation des enseignants en formation à la recherche-action, la stabilisation des langues nationales comme préalable pour accompagner la mise en place du bilinguisme, et la nécessité de les associer dans le processus des recherches, tout en garantissant la liberté du chercheur. 


Revoir la table ronde n°5 « La formation à la recherche-action, et la contribution des universités au développement des recherches-actions en matière de bilinguisme scolaire » 


La table ronde a permis de dresser un état des lieux des recherches sur le bilinguisme : l’évolution de la recherche, les types de publication, les structures impliquées, la contribution individuelle des universitaires, les revues, etc,. 
 

Comme l’ont souligné les intervenants, les besoins en formation doivent être élargis aux orientations didactiques en les faisant porter sur les dimensions du curriculum (y compris les programmes, les manuels et l’évaluation). 


Ces échanges ont suivi sur la question de l’avenir de la recherche dans le domaine du bi-plurilinguisme scolaire, lors de la troisième journée, à l’occasion de laquelle a participé une délégation d’universitaires et d’étudiant(e)s de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.

 

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En somme, ces trois jours ont permis de faire ressortir un nombre important de bonnes pratiques, d’expériences, de recherches et d’outils à l’heure où de nombreux pays africains tentent d’intégrer de manière pérenne dans les écoles les langues nationales pour faciliter les apprentissages des élèves et améliorer la qualité de l’éducation au primaire.

 

Pour en savoir plus : www.ifef.francophonie.org

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