Comment mieux évaluer les apprentissages des élèves dans des classes où plusieurs langues cohabitent ?
C’est le défi qu’a relevé l’IFEF, à travers son programme ELAN (École et langues nationales) lors d’un atelier qui s’est tenu en mai 2025 en Côte d’Ivoire, en partenariat avec le ministère de l’éducation nationale et de l’alphabétisation (MENA) de Côte d’Ivoire et le programme APPRENDRE de l’AUF (Agence universitaire de la Francophonie).
Dans un contexte où la diversité linguistique des élèves est souvent perçue comme un obstacle à la réussite scolaire, l’IFEF adopte une approche innovante qui considère le multilinguisme non pas comme une contrainte, mais comme une richesse pédagogique à valoriser. L’enjeu ? Concevoir des outils d’évaluation formative pertinents, inclusifs et adaptés aux réalités linguistiques des apprenants.
Le programme ELAN : plus d’une décennie d’engagement en faveur du bi-plurilinguisme
Depuis sa création en 2012, ELAN accompagne les ministères de l’Éducation de plusieurs pays d’Afrique francophone dans la mise en place de politiques éducatives bilingues. Le programme soutient l’introduction progressive des langues nationales comme langues d’enseignement, aux côtés du français, dans les premières années de scolarité. Cette démarche vise à améliorer les apprentissages fondamentaux tout en valorisant les identités linguistiques et culturelles des élèves.
La troisième phase du programme, actuellement en cours (2023–2026), s’inscrit dans une dynamique de renforcement des acquis. Elle met l’accent sur un nouveau levier essentiel : l’évaluation des apprentissages dans les contextes d’enseignement bilingue. Comment évaluer les compétences des élèves dans un système où plusieurs langues cohabitent ? Comment garantir l’équité et la fiabilité des évaluations dans un cadre multilingue ? Ce sont à ces questions que le programme entend répondre.
Une dynamique collaborative au service de l’innovation pédagogique
Lors de l’atelier, six groupes de travail ont été formés pour élaborer des Situations d’apprentissage et d’évaluation (SAE) en lecture-écriture et en mathématiques. Ces situations visent à évaluer les compétences des élèves de manière contextualisée, en tenant compte de leur environnement linguistique et culturel. L’objectif est double : proposer des outils concrets, immédiatement mobilisables en classe, et renforcer les capacités des enseignants en matière d’évaluation formative.
Afin d’assurer la rigueur scientifique et la pertinence pédagogique de ces outils, les travaux ont été menés par un Groupe de travail dédié sur l’évaluation formative, composé d’experts internationaux et nationaux. La démarche de travail s’inscrit dans une vision à la fois théorique et pratique de l’évaluation en contexte multilingue, en phase avec les objectifs d’apprentissage et les réalités du terrain.
Les travaux du groupe d’experts également la création de guides enseignants, fiches pratiques, grilles de notation, outils de suivi pour encadreurs pédagogiques, kits de formation et un guide méthodologique. La prochaine étape sera la mise à l’essai de ces outils dans des écoles pilotes à partir d’octobre 2025.





Des outils concrets pour les enseignants et les encadreurs pédagogiques
Au-delà des SAE, l’atelier a permis de poser les bases d’une boîte à outils complète à destination des enseignants, des formateurs et des inspecteurs. En collaboration avec APPRENDRE, l’IFEF prévoit la production de :
- guides à l’usage des enseignants,
- fiches pratiques d’utilisation en classe,
- grilles d’observation des acquis,
- kits de formation pour les encadreurs,
- guide méthodologique sur l’évaluation en contexte bilingue.
Ces ressources visent à renforcer les capacités des acteurs de l’éducation, à offrir des repères clairs pour l’évaluation des apprentissages en contexte bi-plurilingue.