Du 10 au 14 novembre 2025, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), à travers l’Institut de la Francophonie pour l’éducation et la formation (IFEF), a sillonné la Guinée pour la 4e édition de son activité pionnière la Caravane RELIEFH : Je roule pour plus de filles à l’école.
Organisée en partenariat avec le ministère de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation (MEPU-A), les inspections d’éducation, les collectivités locales et les organisations communautaires, cette édition de l’initiative a renouvelé son ambition claire : mobiliser les communautés autour de la scolarisation des filles et de la promotion de l’égalité filles-garçons au sein des écoles francophones
Un lancement fort marqué par la présence du ministre de l’Education nationale
Les activités de cette édition ont bénéficié d’un soutien institutionnel de haut niveau de la part des autorités guinéennes. Pour la première fois, la Caravane RELIEFH a été lancée en présence d’un ministre de l’Éducation, signe fort de l’engagement national pour l’égalité en éducation.
Lors de la cérémonie d’ouverture officielle, les prises de parole ont rappelé l’urgence et l’importance de la cause :
« L’égalité à l’école n’est pas un luxe, c’est une urgence. L’école doit servir tous les enfants, filles comme garçons. Nous ne devons pas considérer l’éducation comme un coût à contenir, mais une priorité stratégique. » – Mona Laroussi, Directrice de l’IFEF


« L’éducation des filles est notre préoccupation première [..]. Toutes les études montrent que la scolarisation et le maintien à l’école en particulier celui des filles reste un paramètre extrêmement important pour la qualité de l’éducation et pour l’émergence d’une société juste et inclusive. […]. Si nos partenaires [l’OIF à travers l’IFEF] sont mobilisés dans ce travail, il nous revient à nous, locaux, de les accompagner pour faire de notre jeunesse une jeunesse qualifiée et éduquée. » – Jean-Paul Cédy, ministre de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation
Ce lancement solennel a donné le ton d’une édition forte et collective.
Une action francophone de terrain unique en soi
La Caravane RELIEFH se distingue par son approche mobile, culturelle et communautaire de sensibilisation, conçue pour répondre aux défis spécifiques des zones rurales à faible connectivité et présentant des obstacles persistants importants.
Au départ de Conakry, la caravane violette a traversé Tombolia, Coyah, Dubréka, Kindia et Mamou, s’enfonçant progressivement vers des zones où l’accès à Internet devient rare, voire inexistant. Et c’est précisément dans ce type de contexte que son essence prend tout son sens.
La démarche de la caravane est composée de plusieurs temps forts :
- Animation de sensibilisation communautaire, portée par les leaders locaux et communautés éducatives
- Discours inspirants et échanges des ambassadeurs de bonne volonté avec les élèves, offrant aux élèves des modèles positifs issus de leur propre environnement
- Atelier interactif avec les élèves, animé par des tutrices expertes en égalité femmes-hommes
- Formation des enseignants, accompagnée de la distribution de ressources pédagogiques exploitables hors ligne
Au fil des kilomètres parcourus, la fracture numérique devenait de plus en plus visible : salles de classe sans connexion, enseignants privés de ressources, élèves aux manuels et outils limités, internet couteux et faible, voire indisponible.
« Quand l’Internet ne passe plus, la caravane prend le relais. C’est d’ailleurs la vision fondatrice de la Caravane RELIEFH, qui consiste à aller là où Internet est absent pour mettre à disposition des ressources pédagogiques. » – Montrésor Kouassi Konan, Chargé de la communauté numérique de l’OIF & membre de l’équipe-projet à l’origine de la Caravane RELIEFH
Arrivée à Mamou, dernière étape, cette réalité s’est imposée : le numérique ne tient qu’à un fil. Pour la communauté de Soyah, dans la périphérie de Mamou, la caravane était le tout premier événement de ce type à être accueilli. C’est à ce moment qu’on mesure l’importance de ce travail : aller là où personne n’arrive d’habitude. C’est aussi ce moment qui a confirmé toute la pertinence de la démarche de l’initiative, car se rendre là où les ressources n’arrivent pas, là où les écoles et les communautés sont souvent laissées hors du champ de l’innovation éducative doit être une priorité.
Là où le réseau s’arrête… la mission de la caravane commence
Dans les zones rurales, où l’accès aux outils numériques reste irrégulier, la Caravane RELIEFH apporte directement aux écoles ce qu’Internet n’apporte pas encore : contenus, méthodes et formation.
Elle permet ainsi de :
- renforcer les pratiques pédagogiques localement
- diffuser des ressources pour une éducation plus inclusive
- créer un changement durable dans les classes
- mobiliser les familles, les autorités et les communautés autour d’une cause collective
« La sensibilisation que vous avez faite aujourd’hui en deux heures de temps dépasse ce que nous faisons en un an. L’approche est clairement bien reçue par les élèves, son impact est indéniable. Je suis certain que la session produira des effets bien au-delà de la salle. » – Directeur d’études au sein du Collège Ansoumaniah, Dubréka

Des résultats concrets en Guinée
Cette 4e édition a produit des résultats tangibles sur le terrain : 679 élèves ont été sensibilisés, dont 41 % de filles et 59 % de garçons, et 144 enseignants formés, parmi lesquels 19 % d’enseignantes et 81 % d’enseignants.
Au total, près de 5 000 kits scolaires ont été distribués aux élèves, tandis que près de 1 000 ressources pédagogiques ont été mises à disposition des enseignants, utilisables en classe même en l’absence de connexion Internet. Ces avancées marquent un pas important dans la diffusion de pratiques pédagogiques favorisant l’égalité filles-garçons et l’accès à des ressources éducatives adaptées aux réalités locales.
L’implication de deux ambassadeurs de bonne volonté a également renforcé la portée de cette édition, en offrant aux jeunes des modèles locaux positifs, visibles et inspirants :
- Hadja Idrissa Bah, militante guinéenne engagée pour les droits des femmes
- Soul Bang’s, artiste et chanteur guinéen de renommée régionale
Grâce à leur engagement, la caravane a touché non seulement les élèves et enseignants rencontrés, mais aussi un public plus large à travers leur influence et leur présence en ligne, donnant ainsi à l’initiative un rayonnement allant au-delà des communautés rencontrées sur le terrain.
« Ce n’est pas un projet venu de l’extérieur. Ce que la caravane est venue nous dire, ça nous concerne. C’est notre combat, notre école, nos enfants. » – Président de l’Association de parents d’élèves au sein du Collège de Soyah, Mamou

Miser sur la mobilisation locale : la clé de la réussite
Si la Caravane RELIEFH fonctionne, c’est parce qu’elle ne se contente pas de traverser : elle travaille avec les communautés, avec les écoles, avec les autorités locales, créant un sentiment de responsabilité partagée.
À chaque étape, toutes les forces vives se mobilisent : directeur(rice)s d’école, familles, jeunes, élu(e)s, associations. Parce que l’égalité en éducation est une cause commune et requiert l’implication de tous. En cela, elle réussit à créer un ancrage local et un effet démultiplicateur : d’une part, les enseignant(e)s formé(e)s deviennent des agents de transformation, diffusant de bonnes pratiques pédagogiques au sein de leurs établissements et d’autre part, les acteurs communautaires jouent le rôle de relais locaux assurent la continuité des messages portés par la Caravane.
Une Francophonie mobilisée pour l’avenir
Cette édition en Guinée réaffirme une conviction toujours d’actualité, portée par l’OIF et initiée lors de la Conférence de N’jaména en 2019 : investir dans l’éducation des filles, c’est investir dans le développement, l’équité et la cohésion sociale des pays francophones.
Et dans les zones reculées où les infrastructures manquent encore, la caravane reste une réponse simple, visible, humble et efficace : aller sur le terrain, écouter, former et transmettre.
Alors que la fracture numérique continue de s’accentuer et que près de 272 millions* d’enfants dans le monde ne sont pas scolarisés, dont 133 millions de filles, majoritairement en Afrique, la mission de la caravane est plus nécessaire et plus urgente que jamais.
Malgré les routes difficiles, les moyens modestes et les défis rencontrés, la caravane ne s’arrêtera pas. Elle doit aller là où les besoins sont les plus pressants, et où chaque action peut véritablement changer une trajectoire de vie.

Moments forts à revivre
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* Source : Rapport mondial sur le suivi de l’éducation de l’UNESCO : https://education-estimates.org/