Depuis deux ans, le programme ELAN développe son expertise technique et ses outils pour accompagner les pays dans la planification de l’extension-généralisation de l’enseignement bi-plurilingue. En s’appuyant sur des données probantes, ces outils ont pour objectif d’amener les pays à définir l’enseignement bi-plurilingue qu’ils souhaitent mettre en œuvre, au travers d’un modèle harmonisé, et à obtenir une projection réaliste des coûts et ressources nécessaires à l’extension et la généralisation de cet enseignement bi-plurilingue. In fine, ces outils doivent faciliter la prise de décision politique en faveur de l’enseignement bi-plurilingue.
Parmi ces outils, le modèle de simulation financière adapté à l’enseignement bi-plurilingue est le fruit d’une collaboration étroite entre l’IFEF et l’IIPE-UNESCO Dakar avec la participation du ministère de l’Éducation nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales du Burkina Faso pour sa mise à l’essai en faveur de l’extension de l’enseignement bi-plurilingue dans le pays.
En vue de faire une présentation formelle des outils et de l’ensemble de la démarche de planification, un atelier de partage et d’appropriation a été organisé du 24 au 27 juin à Abidjan, Côte d’Ivoire.
Un lancement officiel sous le signe de la collaboration
Co-organisé par l’Institut de la Francophonie pour l’éducation et la formation (IFEF) et le ministère de l’Éducation Nationale et de l’Alphabétisation de la Côte d’Ivoire, cet événement marque une étape importante dans la promotion de l’enseignement bilingue en Afrique francophone.
La cérémonie d’ouverture de l’atelier de partage et d’appropriation du modèle de simulation financière de l’extension-généralisation de l’enseignement bilingue a réuni les représentants de deux départements ministériels dont celui de l’Education nationale et celui de la Culture de la Côte d’Ivoire, ainsi que les représentants des pays partenaires du programme ELAN et des experts nationaux et internationaux.
Des paroles encourageantes mettant en avant la plus-value de l’enseignement bi-plurilingue
En effet, l’ouverture de l’atelier a été marquée par plusieurs interventions fort appréciables soulignant entre autres l’importance de l’enseignement bilingue et la nécessité de la collaboration internationale.
La cérémonie a débuté avec des discours inspirants et des présentations sur les objectifs de l’atelier, donnant le ton des journées de discussions et de collaborations qui se sont suivies.
La coordonnatrice du programme ELAN et représentante de l’IFEF, a partagé sa vision sur le devenir de l’enseignement bilingue :
« L’éducation est l’outil par excellence pour bâtir un avenir meilleur. Investir dans l’enseignement bilingue revient à investir dans l’avenir de nos nations et à bâtir une société plus harmonieuse et résiliente. »
Bodiel FALL
La directrice de cabinet adjointe et représentante de la ministre de l’Éducation Nationale et de l’Alphabétisation de la Côte d’Ivoire, a souligné l’importance de cet engagement commun :
« L’enseignement bilingue représente une avancée majeure dans notre quête commune pour une éducation qui répond au besoin de nos enfants. »
Anastasie Kacou Sépou
L’accent a également été mis sur l’importance de l’intégration des langues nationales dans le système éducatif par le directeur de cabinet et représentant de la ministre de la Culture et de la Francophonie de la Côte d’Ivoire :
« L’utilisation des langues nationales comme médium ou objet à côté du français dans un bilinguisme additif dans nos écoles ne peut-être qu’encouragée et soutenue. »
Fausséni Dembélé
Enfin, le représentant de l’IIPE-UNESCO a relevé la place prépondérante du partenariat dans le développement et la mise en œuvre du modèle de simulation :
« Je tiens à souligner combien nous sommes heureux du partenariat franc et fructueux que nous avons établi avec l’IFEF. Ensemble, nous pouvons multiplier les initiatives qui auront un impact durable sur les systèmes éducatifs de nos pays. »
Messou Diomande
Le modèle de simulation : un outil d’aide à la décision inédit pour le chantier de l’enseignement bi-plurilingue
Au cours des ateliers de présentation, les participants ont pu suivre des experts nationaux et internationaux sur les origines du modèle, les méthodologies employées, et les résultats attendus, préparant ainsi le terrain pour des échanges fructueux et constructifs.
L’expert de l’IIPE-UNESCO, a mis en lumière l’utilité du modèle de simulation financière pour l’enseignement bilingue :
« Le modèle de simulation financière pour le développement de l’enseignement bilingue vient en complément des autres outils nécessaires à l’introduction et au développement de l’enseignement en langue nationale. C’est un outil d’aide à la décision et aussi de dialogue à la disposition des acteurs et décideurs dans le système éducatif. »
Mamy Rakotomalala
De son côté, l’expert ELAN, a expliqué l’objectif fondamental de la formule nationale harmonisée pour l’enseignement bilingue :
« L’élaboration d’une formule nationale harmonisée pour la mise en œuvre du bilinguisme (langue première africaine/français) à l’école est destinée à mettre en cohérence différentes expérimentations bilingues dans le même pays, ayant parfois des approches pédagogiques et des dispositifs d’application variés. Elle sert d’orientation à la rédaction des programmes d’études et du matériel didactique bilingue. »
Mohamed Miled
Représentant du Burkina Faso a partagé les avantages que son pays espère tirer de cette initiative :
« En adoptant une formule harmonisée d’éducation bi-plurilingue, le Burkina Faso peut renforcer la cohésion sociale, l’interculturalité et la promotion de l’équité. La formule harmonisée de l’éducation bilingue contribue à l’épanouissement des apprenants en leur offrant en cinq ans de scolarité, des compétences linguistiques diversifiées, essentielles pour leur avenir personnel et professionnel. »
P. Jean-Baptiste Konkobo
Travaux de groupes en ateliers : vers une appropriation nationale
Après les interventions et présentations, l’atelier s’est poursuivi avec des travaux de groupes. Ces sessions de travail ont été tenues pour permettre aux participants de s’approprier le modèle de simulation et de discuter des modalités de sa diffusion et de son application dans leurs contextes nationaux respectifs. Les discussions ont porté sur trois scénari de développement du bilinguisme : l’option de généralisation, l’option d’extension progressive et importante, et l’option d’extension progressive mais modérée.
Chaque scénario a été analysé et discuté et a permis aux participants de faire une restitution au cours de laquelle ont été expliqués les raisons et les arbitrages choisis pour passer d’un scénario à un autre.
Ces travaux de groupes ont permis d’explorer les différentes voies pour atteindre les objectifs d’extension et de généralisation de l’enseignement bilingue, tout en tenant compte des réalités spécifiques de chaque pays. Les échanges ont été riches et constructifs, chaque participant apportant son expertise et son expérience pour enrichir les discussions.
Conclusion et perspectives
L’atelier de partage et d’appropriation du modèle de simulation financière s’est achevé par une session plénière où les recommandations et les suites à donner ont été discutées.
Cet événement a rassemblé les représentants de 12 pays partenaires du programme ELAN, renforçant ainsi les capacités des responsables des directions de la planification à utiliser efficacement les outils présentés pour la réussite de l’extension/généralisation de l’enseignement bi-plurilingue.
- La collaboration fructueuse entre l’IIPE-UNESCO Dakar et le programme ELAN de l’IFEF va se poursuivre, notamment sur le chantier de la planification de l’extension de l’enseignement bilingue.
- Plusieurs pays ont exprimé leur désir de développer cet outil pour l’adapter à leur contexte spécifique, favorisant ainsi un dialogue politique plus efficace et une meilleure planification éducative.
Ainsi, cet atelier a non seulement permis de partager des connaissances et des outils, mais il a aussi renforcé les liens de coopération entre les pays participants, ouvrant la voie à une éducation bilingue plus intégrée et harmonisée en Afrique francophone et au-delà.